( 4 juin, 2015 )

Histoire des fêtes et des jours fériés

Dès l’âge du bronze, des fêtes étaient organisées, souvent avec des motifs religieux. En voici deux exemples :

La mythologie sumérienne mentionne, dès le 3e millénaire avant J.-C., une grande fête à Ninab (probablement Ninive) où venait Numushda, le dieu de Kazallu, accompagné de sa femme et sa fille. Martu devait réaliser des exploits pour rendre joyeux Numushda de Kazallu.

Les historiens pensent qu’il s’agissait de déplacer des statues d’une ville à l’autre et que ce transfert était accompagné de jeux variés.

En Anatolie, au début du 2e millénaire avant notre ère, une fête d’automne de Télipinu était célébrée tous les neuf ans à Hanhana. Elle durait six jours. Cette fête était organisée par le gouverneur de Hanhana. Elle était consacrée à Telipinu qui était un dieu agraire. Il est devenu un dieu fondateur du royaume, protecteur des frontières : pour cette raison, il était plus particulièrement honoré dans les villes de Hanhana, Tawiniya et Durmitta. Pendant cette fête de Hanhana, le Prince et sa cour devaient aussi se rendre dans deux villes voisines.

Le vase d’Inandik, trouvé à Hanhana, montre des offrandes de bouillis, de céréales et de boissons, ainsi que le sacrifice d’un taureau devant l’autel.

http://moeandirene.blogspot.fr/2013/04/museum-of-anatolian-civilizations.html

On peut voir une profusion d’instruments de musique, et les habits des dignitaires de l’époque.

L’Égypte antique avait un calendrier avec 105 jours fériés. Il s’agissait de fêtes de motifs religieux, mais aussi de commémorations historiques ou de moments liés au activités agricoles (semailles, moisson, vendanges) et au cycle des saisons. Il faut aussi comprendre que, pour comparer ce nombre de jours fériés avec notre époque, dans l’antiquité il n’y avait pas de repos hebdomadaire.

En Europe, c’est le 3 juillet 321 que Constantin, premier empereur romain à s’être converti au christianisme, en s’inspirant du sabbat de la tradition juive, a institué le dimanche comme jour de repos légal.

Chez les Grecs, il semble que le nombre de fêtes tant publiques que privées se soient multipliées au fil du temps à partir de l’époque d’Homère. Vers la fin de l’Empire, le pays avait une cinquante de jours chômés officiels et beaucoup de fêtes locales ou régionales.

Les Romains célébraient une fête environ un jour sur deux : certaines correspondaient à des cérémonies avec sacrifices, d’autres à des rites qui nous semblent maintenant étranges et obscurs, et puis d’autres à des jeux.

( 11 mai, 2015 )

Histoire des épices

Vers 1800 avant notre ère, une tablette du Tell Rimah montre que le nord de l’actuel pays de Syrie s’approvisionnait déjà en épices diverses. Il s’agit du courrier, identifié T.R.4212, d’une dame Kissurum à la maîtresse de maison de nom Iltani : « En ce qui concerne le hazannu que ma maîtresse m’a demandé par tablette : il n’y a plus un seul shekel de hazannu disponible. Hier, le roi m’en a demandé pour Usi-nawir, mais il n’y en avait déjà plus et il s’est querellé avec moi : « Comment se fait-il qu’il n’y ait pas eu de commande de hazannu ici ? » Ma dame sait que je n’ai pas de hazannu disponible. En ce qui concerne la coriandre et le cumin, aussi, ma dame n’en avait pas commandé, … J’y ai remédié en écrivant. En ce qui concerne le huratum sec, … »

On ne sait pas ce qu’est le hazannu et le huratum. Par contre les traducteurs ont reconnu la coriandre et le cumin parmi les produits évoqués.

La plus ancienne trace de coriandre date du Néolithique, vers 6000 avant notre ère, dans la grotte israélienne de Nahal Hemar.

En Égypte, il en a été trouvé dans différentes tombes, dont celle de Toutankhamon, alors que l’épice n’était pas produite dans la vallée du Nil.

https://www.semencier.com/articles/plantes-aromatiques/99-la-coriandre.html

En Europe, c’est en Macédoine, à Sitagroi, vers 1200 avant J.-C. qu’on trouve la plus ancienne trace.

En revanche, le cumin semble être d’origine égyptienne et/ou proche orientale. Son usage s’est généralisé très tôt sur l’ensemble des continents :

http://crissoucuisine.over-blog.com/pages/CUMIN-1537938.html

On en aurait également retrouvé dans la tombe de Toutankhamon. Même si sa dénomination hiéroglyphique est incertaine, son nom akkadien, kamunu ou Kemoun, semble être mentionné dans le papyrus Ebers, au début du Nouvel Empire Égyptien.

Le commerce des épices existait donc déjà à l’âge du bronze.

( 2 avril, 2015 )

Histoire de l’apprentissage

Les tablettes de Nuzi ont été rédigées vers le milieu du 2e millénaire avant notre ère. Leur étude a montré que certaines professions étaient exercées par des membres d’une même famille sur plusieurs générations. Il en était ainsi pour les métiers de scribe, de gardien de porte de ville, de juge, de conducteur de char, de barbier, de berger, …

Toutefois, il existait aussi des contrats d’apprentissage, parfois associés à des adoptions, permettant d’intégrer un jeune externe à la famille. C’était le cas, pour le métier de barbier : l’avantage de la formule était qu’en plus de la transmission du savoir lié au métier, il y avait un transfert de propriété du fonds de commerce au décès de l’artisan.

Pour en revenir à l’apprentissage de l’écriture, Alfonso Archi a reconstitué les arbres généalogiques de plusieurs familles de scribes. 

http://www.academia.edu/10840999/The_Tradition_of_Professions_within_Families_at_Nuzi_for_the_published_volume_see_http_www.eisenbrauns.com_item_RAI57_

Le métier de scribe nécessitait un apprentissage long. De ce fait, la profession était le plus souvent transmise aux enfants des familles qui les exerçaient déjà par leur parent, voir leur oncle.

Toutefois, il existait aussi des écoles de scribes : à Nippur, il a été retrouvé de nombreuses tablettes d’écoliers et d’apprentis scribes.

Il en existait aussi en Égypte :

https://www.egypte-ancienne.fr/scribes.htm

Ces savoir-faire étaient reconnus par les pays voisins et étaient exportés : la traduction des tablettes d’Anatolie du début du 2e millénaire avant notre ère a permis de reconnaître, parmi les noms des auteurs des écrits, des originaires des pays de Syrie et Mésopotamie.

( 3 mars, 2015 )

Histoire des actes de divorce

Dans l’Égypte antique, le mariage était le fait d’habiter sous un même toit. Le divorce était principalement consécutif à l’adultère : chez la femme du peuple cela pouvait aboutir à la condamnation à mort. Ces moments de la vie ne faisaient pas l’objet d’actes juridiques.

En Mésopotamie et en Syrie, c’étaient les hommes qui décidaient de l’avenir de leurs enfants. Comme il y avait, le plus souvent, une contrepartie financière ou matérielle, autant le mariage que le divorce faisaient l’objet d’une acte matérialisé. Toutefois, les tablettes retrouvées par les fouilles ne révèlent sans doute que les pratiques de la partie de la population la plus riche.

Voici l’exemple d’un acte de divorce, daté au milieu du 2e millénaire avant notre ère, issu de la région de Kirkouk, l’ancienne Arrapha :

Voici ce que dit Hut-Tesup, fils de Sehel-tesup : « Je me suis marié à Ummeja, fille de Ipsa-Halu, fils de Hamanna et maintenant, ici, je divorce avec cette femme Ummeja et j’ai enlevé ses vêtements de la maison, et je ne revendiquerai pas Ummeja. Et, moi-même, je donne 5 moutons à Ipsa-halu ».

Voici ce que dit « Ipsa-Halu » : « Ici même, je détruis la tablette concernant l’argent que j’ai demandé à Hut-tesup il y a quelques temps. Et je ne revendiquerais rien concernant cet argent en respect de Hut-tesup. Je prends les 5 moutons donnés par Hut-tesup et je libère Hut-tesup de toute dette. »

Quiconque des deux parties rompt cet agrément et fait des poursuites devra payer 1 mine d’argents. Témoins :

Dans « les Assyriens et leurs femmes anatoliennes », Cécile Michel a étudié les différents types de contrats de mariages et de divorces trouvés à Kanès, dans l’actuelle Turquie, au début du 2e millénaire avant notre ère. Ainsi, un marchand assyrien pouvait décider de retourner à Assur pour ses vieux jours. Il était alors à l’origine de la séparation. Il devait assurer des revenus à l’épouse anatolienne, sous la forme d’une indemnité de divorce, et assurer un avenir aux éventuels enfants.

https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00667570/document

En Grèce antique, le divorce existait sous des formes diverses, selon les cités, non éloignées des pratiques assyriennes : seul le mari avait le droit de répudier son épouse. Le divorce est davantage formalisé vers les périodes plus récentes : des documents légaux prennent acte du divorce et en déterminent les conséquences, notamment en ce qui concerne la dot qui pouvait alors être restituée à l’ex-épouse.

A Rome, les pratiques étaient similaires : le mari pouvait répudier son épouse pour stérilité, tentative d’avortement, à condition de restituer la dot à la famille de celle-ci. Les femmes n’acquièrent le droit au divorce qu’au début de l’empire.

Montesquieu s’était intéressé, de son temps, à l’histoire du divorce : « On raconte partout que le premier divorce n’eut lieu à Rome que vers 234 ou 231 avant J.-C., lorsque Sp. Carvilius Ruga répudia sa femme […] Sp. Carvilius fut le premier qui, divorçant en dehors des circonstances prévues par la loi de Romulus, trouva moyen de se dispenser de restituer à sa femme l’équivalent de sa dot. Il y échappa en prétendant qu’il s’était marié pour avoir des enfants et que sa femme était stérile, et il en profita pour ne pas lui restituer sa dot. »

( 24 février, 2015 )

Histoire du contrat de mariage

Dans l’Égypte antique, le mariage était le fait d’habiter sous le même toit. Pour cela, il n’y avait pas de procédure administrative ni religieuse : le consentement des époux suffisait. La femme était libre de choisir son époux et, le plus souvent, le père ne contrecarrait pas les désirs de sa fille.

En Mésopotamie et en Syrie, c’étaient les hommes qui décidaient de l’avenir de leurs enfants. La forme différait selon les statuts sociaux et selon l’origine de la femme. Qu’elle soit princesse, servante ou esclave, le père pouvait marier sa fille comme il l’entendait, contre argent ou la faire adopter par un tiers ou la vendre comme servante, voire esclave s’il était débiteur d’une dette qu’il ne pouvait pas rembourser.

Toutefois, les textes des tablettes retrouvées par les fouilles ne révèlent sans doute que les pratiques de la partie de la population la plus riche. Certains actes juridiques ressemblent à des contrats de mariage, souvent associés à une contrepartie entre les parents des mariés sous forme de cadeaux, ou d’argent.

Ainsi, issu des archives de Kanès, vers le début du 2e millénaire avant notre ère, la tablette 161a, un contrat de mariage par achat, stipule :

« Supi-elka a reçu 15 sicles d’argent, prix de Hamananika. Soit ses frères, soit sa mère, personne ne la revendiquera à Assur-malik. Assur-malik n’épousera pas d’autre femme dans Kanis, Burushattum, Durhumit ou Wahsusana. Il conduira sa jeune femme là où cela lui plaira. Témoins : … ».

Il faut noter, dans ce texte, qu’une limite est imposée au mari : il n’avait pas le droit d’épouser une autre femme en Anatolie, mais, sans doute, il en avait déjà une autre en Assyrie.

Cécile Michel, dans « les Assyriens et leurs femmes anatoliennes », a étudié les différents types de contrats de mariages trouvés à Kanès :

https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00667570/document

Hérodote dit bien que les femmes assyriennes ne disposaient pas des mêmes droits que les hommes et étaient traitées comme des esclaves. Ce contrat de mariage (ICK I 3) montre que l’homme pouvait privilégier la descendance : « Lāqēpum a pris Hatala, la fille d’Enišru. Lāqēpum ne doit pas prendre d’autre femme dans le pays (Anatolie). Dans la Ville (Aššur) il peut prendre une « qadištu». Si dans les deux ans elle (Hatala) n’a pas donné un enfant, elle-même acquérira une femme esclave. Après cela, une fois qu’elle (l’esclave féminine) a donné naissance à un enfant, elle (Hatala) la vendra où elle voudra. Si Lāqēpum lui-même divorce il lui donnera 5 mines d’argent mais si elle divorce, elle lui donnera 5 mines d’argent ».

Pourtant, en Grèce antique, la condition féminine n’était guère différente. C’était le « kurios » (tuteur) de la jeune fille, généralement son père, qui choisissait pour elle un mari.

A Rome, des traces de ces anciennes pratiques subsistaient, même s’il y avait d’autres formes de mariages : au bout d’une année de vie commune, un couple était considéré comme marié. Lorsque la femme choisissait de rester seule, elle pouvait faire les mêmes choses qu’un homme libre.

( 7 novembre, 2014 )

Histoire de l’urbanisme

Lorsqu’on se penche sur les ruines des villes construites par les romains, on ne peut qu’être admiratif de leur conception urbaine basée selon des axes routiers en ligne droite qui se croisent de façon perpendiculaire et qui s’adaptent toutefois au paysage.

https://sites.google.com/site/laromanisationdelempire/le-mode-de-vie/l-urbanisme

Il semble que les Romains aient appris l’art de construire leurs cités au contact des Étrusques et des Grecs :

http://www.arretetonchar.fr/architecture-et-urbanisme-%C3%A9trusque/

http://universitepopulaire06.blogspot.fr/2007/03/urbanisme-dans-la-grce-antique.html

Longtemps on a cru que les premières conceptions de villes était l’œuvre des Mésopotamiens, à la vue de leurs constructions à Eridu et surtout à Uruk :

http://www.scienceshumaines.com/les-premieres-villes-du-monde_fr_4247.html

Mais vers 2500 avant J.-C., aux marges du désert syrien, des villes ont été fondée selon une architecture circulaire. L’exemple le plus frappant est le Tell Al-Rawda, où 16 ha d’habitations qui ont été construits ainsi avec quatre lignes de fortifications concentriques. La cité révèle l’existence, en plein milieu du 3e millénaire, d’un plan d’urbanisme préconçu.

 

Des prospections géophysiques ont permis de montrer que, à cette époque, en Syrie, c’est toute une série de villes qui ont été construites selon cette structure géométrique circulaire. Il existait donc une organisation humaine en mesure de mener à bien la construction de cités selon un schéma prédéfini.

En s’appuyant sur les résultats des fouilles du Tell Brak, il s’avérerait que les premières approches en matière d’Urbanisation datent des alentours de 4000 avant J.-C en Haute-Mésopotamie :

http://www.sciencesetavenir.fr/archeo-paleo/20070831.OBS2834/mesopotamie-l-urbanisation-plonge-aussi-ses-racines-au-nord.html

( 10 octobre, 2014 )

Histoire du fontainier

Voici un extrait de l’Iliade qui évoque le métier de fontainier : « Quand un fontainier a mené, d’une source profonde, un cours d’eau à travers les plantations et les jardins, et qu’il a écarté avec sa houe tous les obstacles à l’écoulement, les cailloux roulent avec le flot qui murmure, et court sur la pente, et devance le fontainier lui-même ».

Mais depuis quand existe-t-il des fontaines aménagées par l’homme ?

A Poitiers, en 2012, rue du Puygarreau, à l’arrière de l’Hôtel de Ville, à l’emplacement même d’un projet d’aménagement d’un bassin d’eau, l’Inrap a découvert une ancienne fontaine gallo-romaine. Les romains maîtrisaient parfaitement ce savoir-faire. La Rome antique en possédait de nombreuses : Fontaine de Juturne, Fontaine de Mercure, Fontaine des Trophées de Marius, Meta Sudans, Septizodium, ….

Les fontaines étaient aussi présentes dans les villes grecques. Un des plus grands vestiges aquatiques d’Athènes est la fontaine dite « mycénienne ». Ce nom a été donné du fait de son ancienneté. Corinthe en disposait d’au moins une : la fontaine Pirène.

Au millénaire précédent, ce sont les vestiges hittites, dans la Turquie actuelle, qui en montrent le plus :

  • Deux fontaines en forme de têtes de taureaux (1450-1200 av. J.-C.) trônent au pied des escaliers qui mènent à l’entrée du musée de Çorum.

  • Une fontaine monumentale se trouve à l’ouest de l’entrée de l’ancienne ville de Pergé, à l’est d’Antalya. Son bassin et sa façade étaient très ornementés. Elle était dédiée à l’empereur Septime Sévère.

  • Eflatun Pınar est un sanctuaire situé à environ 25 km de Beyşehir. Il s’agit d’un bassin associé à une fontaine aux eaux aux reflets étranges. En turc Eflatun désigne la couleur violette.

http://kapatita.blogspot.fr/2011/06/eflatun-pnar-un-sanctuaire-hittite.html

Il faut remonter un autre millénaire dans le temps pour trouver les plus anciennes sources aménagées par l’homme. Ainsi, à Ebla, une fontaine rituelle en pierre a été retrouvée dans un des temples de la ville antique.

( 24 juillet, 2014 )

Histoire des ports de commerce

La plus ancienne preuve de transport maritime de biens provient des cyclades, en Grèce : A Daskalios du marbre blanc a été transporté depuis l’île de Naxos dès 2600 avant notre ère.

http://bronze-age-towns.com/2020/07/15/daskalio-un-port-du-3eme-millenaire-de-lile-de-keros-en-grece/

Depuis quand existe-il des ports commerciaux accueillants les navires de toutes les origines et nationalités ?

L’examen des textes des nombreuses tablettes de l’âge du bronze montre qu’il est difficile de distinguer les ports des autres villes. Les lettres d’Amarna constituent une exception, car la majorité des courriers ont été rédigés par des responsables de villes portuaires. C’est grâce à ces courriers que la navigation en mer méditerranéenne est prouvée durant l’âge du bronze : les navires voyageaient à vu, le long des côtes, et disposaient de ports relais, sous la responsabilité du propriétaire des bateaux. C’était plutôt une approche où chaque pays navigateur avait ses propres abris et comptoirs.

Vers 1350 avant notre ère, le roi de Byblos avait sous sa responsabilité des navires et des ports (Byblos, Ullasa, Sumur, …) pour le compte du pharaon d’Égypte. Il était toutefois en très vive concurrence avec d’autres cités portuaires telles que Aruad, Tyr, Sidon, Beyrouth, … et surtout avec Aziru, le roi d’Amurru.

Cependant, il semble que certains ports se soient ouverts au trafic maritime plus tôt que d’autres.

Ainsi, dans la lettre EA114, le roi de Byblos mentionne le port de Wahliya comme accueillant des navires de différentes origines : « Aziru est en guerre contre moi. Il s’est emparé de 12 de mes hommes et le prix de rançon il me l’a fixé à 50 sicles d’argent. C’étaient des hommes que j’avais à Sumur dont il s’est emparé. Dans Wahliya se trouvent des navires des hommes de Tyr, Beyrouth et Sidon. Tout le monde dans le pays d’Amurru est en paix avec eux, je suis l’ennemi ».

Notamment, ces lettres montrent que même lors des moments de conflits les plus intenses avec Aziru, les navires d’Amurru continuaient de commercer dans les ports d’Égypte.

En fait, les deux systèmes ont dû cohabiter durant la majeure partie de l’âge du bronze. Les pays les plus puissants avaient les ports les plus accueillants. Les navigateurs les plus entreprenants développaient leurs propres réseaux lorsqu’ils en avaient besoins. Plus tard, les Grecs et Phéniciens fonctionnaient de la même manière : ils disposaient de nombreux comptoirs tout autour de la mer noire et la mer Méditerranée. Puis la suprématie Romaine a imposé de mêmes règles sur ces mers.

 

( 9 décembre, 2013 )

Histoire des reconnaissances de dettes

Le site de Kultépé, en Anatolie, est l’ancienne ville de Kanes. Il y avait un karum, c’est à dire le lieu où résidait des marchands venant de Syrie/Babylonie. Chaque maison qui y a été exhumée a fourni son lot de tablettes de 10, 20, 80, parfois jusqu’à 250 unités. Leur traduction a permis de comprendre qu’il s’agissait de correspondances de marchands, surtout des contrats et des reconnaissances de dettes, datées du début du 2e millénaire avant notre ère.

http://bronze-age-towns.com/2020/06/04/kultepe-lancienne-ville-de-kanes-ou-nesa/

Tablette de Kanès

Tablette de Kanès

Des relations commerciales s’étaient établies entre l’Anatolie et une cité organisatrice appelée le plus souvent « La ville ».

Des comptoirs privés acceptaient de remettre des marchandises à de véritables « aventuriers » qui organisaient des expéditions à dos d’ânes, pour échanger des biens sur les « Karum » d’Anatolie. Ils n’étaient pas obligés de régler comptant : une tablette de reconnaissance de dette était alors rédigée. Dans ce dernier cas, ce n’est qu’après avoir fait ses affaires que le débiteur réglait, la tablette était alors détruite.

Voici un exemple de lettre de reconnaissance de dette : « Kukkulanum, fils de Kutaya, à en créance 7 sicles d’argent sur Amur-Istar. Il payera dans 40 jours. S’il n’a pas payé, il ajoutera en intérêt un sicle d’argent par mois ». Des sceaux et des témoins garantissaient l’acte.

Certaines tablettes d’Emar, vers le milieu de 2e millénaire, montrent qu’à cause de dettes non remboursées, le débiteur risquait de tomber en esclavage ou d’être contraint d’abandonner sa femme ou ses enfants.

Il est probable que cette modalité commerciale existait aussi ailleurs. En Égypte, les mésaventures d’Ounamon, de la fin du 2e millénaire, montrent que pour obtenir du bois libanais, les représentants du pharaon disposaient de « lettres de créances » qui officialisaient la démarche.

( 4 décembre, 2013 )

Histoire des commandants de troupes

Datées de la première moitié du 14e siècle avant notre ère, les tablettes de Masat Höyük, située en Anatolie à environ 140 km à l’est-nord-est de la capitale des Hittites Hattusa, ont deux destinataires principaux : un gouverneur de nom Himuili et un commandant de troupe appelé Kassu. Les deux personnages étaient affectés à la ville de Tapikka. Ils montrent, déjà, un partage du pouvoir entre les civils et les militaires. Le gouverneur de la région, Himuili, était responsable des administratifs, et en même temps il chapeautait le commandant militaire Kassu. Mais ce dernier pouvait recevoir des instructions, notamment de stratégie militaire, directement par le roi. Ce qui créait des tensions entre ces deux personnages.

Côté Hittites, le commandant de troupe le plus connu était le frère de Suppiluliuma, appelé Zida ou Zitana. Une lettre d’Amarna le mentionne à la tête d’une troupe de 90 000 hommes vers le pays de Nuhasse.

Les textes des archives de Mari nous ont fait connaître, de même, des commandants de corps militaires de métier, traduits par « généraux ». Ainsi, le chef des troupes de Mari détaché auprès d’Hammurabi de Babylone s’appelait Ibâl-pî-El. Son abondante correspondance avec le palais de Mari décrit, de façon très vivante, les particularités des us et coutumes du palais de Babylone. Ce sont ses courriers qui ont permis d’observer les difficultés qu’a eu Zimrî-Lîm de Mari pour récupérer son armée. Hammurabi ayant bien compris tous les avantages qu’il avait à garder ces troupes, quitte à ne pas honorer les clauses de solidarité des accords entre Mari et Babylone.

http://www.digitorient.com/wp/wp-content/uploads/2006/10/CHARPIN%201999%20CDOG%202.pdf

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