( 30 avril, 2021 )

Histoire de l’espionnage

 

Dans la Rome antique, des hommes ont été utilisés comme guetteurs, agents clandestins de reconnaissance dans l’armée romaine. Ils étaient appelés « speculatores » ou « exploratores ».

Dans la « Guerre des Gaules », César utilise au mieux les relations amicales qu’il a avec certains peuples pour obtenir le maximum de renseignements.

Toutefois Rose Mary Sheldon considère que les Romains étaient des amateurs à côté d’Hannibal, le général de Carthage :

https://www.books.fr/rose-mary-sheldon-romains-amateurs-a-cote-dhannibal/

Dans la Grèce Antique ; Hérodote rapporte que Démarate, ancien roi de Sparte réfugié auprès du roi des Perses Xerxès Ier a prévenu les siens de l’envahissement de la Grèce en 480 av. J.-C. lors de la seconde guerre médique.

 

Ici est plus longuement exposé une histoire d’espionnage de l’âge du bronze, sur la seule base de courriers trouvés à Mari, publiés par Wolfgang Heimpel dans « Letters to the King of Mari ».

Voici le contexte général : Haya-Sumu était le roi d’Ilan-Sura. Il s’est marié avec deux filles de Zimri-Lim, roi de Mari. Celles-ci et des serviteurs de Zimri-Lim en poste à Ilan-Sura ont laissé d’abondants courriers dans les archives du tell Hariri. Ils évoquent tous les faits et gestes de ce bras droit du roi de Mari.

Yamsum, serviteur de Zimri-Lim auprès de Haya-Sumu, était l’informateur officiel du roi de Mari. Alors que des pourparlers de paix entre Mari et l’Elam sont en cours à Sehna, une série de ses courriers évoquent le sort d’Ibni-Addu, roi de Tadum, pourtant, d’après Yamsum, resté fidèle au grand roi :

  •  26 310 : « Ibni-Addu est allé à Sehna. Il a dit à Kunnam : « Zimri-Lim m’a désigné roi de Tadum. Et ils m’ont déplacé. » Et Kunnam lui a donné un soldat. Il lui a dit : « Va, rejoins ta ville ». Et Haya-Sumu a écrit aux gens de Tadum : « Tuez-le maintenant ! ». Mais ils ne l’ont pas fait. Puis il est retourné voir Kunnam. Il a dit : « Ils ne sont pas d’accord avec moi ». Kunnam, imbibé de bières, a dit à Ibni-Addu : « Mon seigneur (le souverain d’Elam) m’a écrit : Maintenant Zimri-Lim agit contre nous. Il veut soustraire le pays. Ecrit aux Turukkéens, et les Turukkéens viendront te soutenir. Bats-toi contre Zimri-Lim » Et Kunnam a écrit aux Turukkéens, mais ils ne sont pas venus. Voilà la vérité. Tu peux consulter d’autres serviteurs. »
  • 26 311 : « Kunnam ne savait pas qu’Ibni-Addu était un ami de mon seigneur. Et, en état d’ivresse, il a dit à Ibni-Addu : « Ne sais-tu pas que les mots de Zimri-Lim sont interceptés par le vizir (Souverain d’Elam) ». J’ai dit : « Comment est-ce possible ? » Il a répondu : « Un Hanéen, proche du roi, transmet des informations à Isar-Lim (serviteur d’Isme-Dagan, fils du précédent roi de Mari, alors vassal d’Elam). Et de plus, il y en a dans le détachement qui continuent d’envoyer des messages à Isar-Lim. Maintenant mon seigneur doit vérifier son entourage, il y en a qui rapportent à l’extérieur les propos de Monseigneur. Monseigneur doit leur demander des comptes. Kunnam n’a jamais dit de mensonges. Cet homme est fidèle à son seigneur, il ne peut pas mentir. […] Maintenant mon seigneur m’a écrit : « Envoie-le-moi ». Je me suis approché de lui (Ibni-Addu) et je lui ai dit : « Vas-y ». Il m’a répondu : « Maintenant que le doigt de Zimri-Lim m’a touché, qui pourrait m’en vouloir ? »
  • 26 319 : « Ibni-Addu a dit (à Haya-Sumu) : « Je vais apporter une tablette à mon seigneur (Zimri-Lim). Je dois me rendre auprès de lui. » Mais Haya-Sumu ne l’a pas autorisé. Aussi mon seigneur doit transmettre des instructions, et cet homme pourra rejoindre mon seigneur ».
  • 26 312 : « Ibni-Addu a été ligoté à l’intérieur du palais, emmené dans la ville d’Elali, mis aux fers et sa maison a été confisquée. J’ai demandé la raison de cette disgrâce à Haya-Sumu, il m’a répondu : « Il continue d’envoyer des émissaires à mon rival et se moque de moi ». […] Parce que c’est un homme d’Idamaras, vous devez maintenir cet homme en vie. »
  • 26 313 : « Je vous ai écrit il y a quelques temps au sujet d’Ibni-Addu, votre serviteur. Ils l’avaient établi à Elali. Et maintenant ils l’ont déplacé à Miskillum qui se trouve à 3 miles de distance. Présentement, Suriya, le serviteur d’Haya-Sumu, est à Mari. Mon seigneur doit le retenir. Ne libérerez pas cet homme tant qu’Ibni-Addu et sa maisonnée n’ont pas rejoint mon seigneur. Mon seigneur doit le garder. Les dénonciateurs d’Ibni-Addu sont Suriya, Aqba-Abum et Simatum (fille de Zimri-Lim mariée à Haya-Sumu). En ce moment ils le traitent comme si c’était un criminel. »

La conclusion finale n’est pas connue, mais ces courriers montrent comment, dès l’âge du bronze, les décisions des grands rois étaient déjà sujettes à des opérations de renseignement et de contre-espionnage.

 

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