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( 31 janvier, 2013 )

20 000 ans d’histoire du sceptre

Les rois de France étaient attachés aux symboles de pouvoir, notamment au sceptre.
Voici celui de Charles V, qui, dit-on, l’aurait repris de Charlemagne :

http://cartelfr.louvre.fr/cartelfr/visite?srv=car_not_frame&idNotice=4850

Outre-Manche, deux sceptres étaient entre les mains de la royauté britannique.

La plus ancienne représentation provient de la grotte de Lascaux. A proximité de la seule représentation humaine de la grotte, se trouve un sceptre peint. Il se termine par une tête d’oiseau. L’homme représenté non loin est renversé par un animal blessé. Sa tête semble, aussi, être celle d’un oiseau.

http://neferhotep.over-blog.com/article-chamanisme-42720058.html

Ce qui montre, déjà, à cette époque reculée, une certaine organisation sociale.

L’oiseau est un des symboles de Zeus, roi des dieux de la Grèce antique :

http://www.cosmovisions.com/$Zeus.htm

A Varna, les sépultures les plus riches, datées aux alentours de 4 500 avant notre ère, ont livré de nombreux objets en or, mais aussi des bâtons qui apparaissent comme étant des sceptres.

 

Une élite européenne semble avoir symbolisé le pouvoir à travers cet objet.

 

En 1830, dans «Observations sur l’Iliade d’Homère, Volume 2», Jean-Baptiste Dugas-Montbel montre les modalités très précises de l’utilisation du sceptre au deuxième millénaire avant notre ère : un héraut était chargé de la remise du symbole qui servait, au milieu d’une assemblée, à débuter la prise de parole. A la fin du discours ou du serment, le sceptre était rendu au même héraut. L’auteur note que, entre les mains de l’orateur, le sceptre donnait de l’action au discours quand on l’agitait avec violence. A l’inverse, son immobilité était une expression de timidité ou d’hésitation.

La découverte récente de l’épave d’Uluburun, au large de la Turquie, a montré l’étendue des échanges commerciaux autour de la Méditerranée. 10 années de plongées et de fouilles ont permis de reconstituer le navire et de rechercher les provenances des marchandises retrouvées.

Dans l’épave, parmi 20 000 objets, dont un sceau de Néfertiti, datant la cargaison du milieu du 2e millénaire avant notre ère, se trouve un sceptre en pierre volcanique, qui a été identifié comme provenant de l’actuel Roumanie ou Bulgarie, par comparaison avec des sceptres similaires retrouvés dans ces pays.

 

https://slideplayer.fr/slide/1200352/

 

L’Égypte antique nous a laissé une multitude de formes de sceptres. Voici ceux d’Osiris :

http://jfbradu.free.fr/egypte/LE%20PHARAON/le-pharaon07.php3

Le crochet, ou Héka, était réputé pour être l’instrument des bergers : il permettait d’attraper les moutons par les pattes.

 

( 25 janvier, 2013 )

Histoire du cuir

En archéologie, la production de cuir n’est visible qu’indirectement, grâce aux traces de dépeçage sur les os et à la découverte d’outils de tannage. Ils consistaient en racloir, grattoir, poinçon,…. Mais ce sont les pointes en os, qui servaient notamment à percer les peaux, qui sont les indices les plus souvent trouvés sur les sites du Néolithique et du Mésolithique.

 

De tels instruments étaient déjà utilisés par l’homme de Néandertal. En ces temps très anciens, la peau était tannée en conservant les poils : aussi l’animal origine de l’accoutrement vestimentaire était visible. Ce fut sans nul doute un critère de distinction des individus ou des groupes d’individus.

Les peaux étaient fumées et le tannage était végétal car fait à l’aide d’écorces, de bois ou de feuilles.

 

Le tannage « à l’huile » était connu au Néolithique : les acides gras de l’huile interagissaient avec la protéine présente dans la peau et permettaient de rendre le produit chimiquement stable. Mais le plus souvent, avant d’enduire la peau de cervelle, elle était mâchée, la salive légèrement acide faisant office de tanin. Aussi, l’examen des dentitions des crânes retrouvés est un autre indice du travail du cuir. La plupart des momies du désert de Taklamakan ont cette caractéristique : les dents sont usées par un masticage fréquent.

 

Les vêtements de dessous d’Ötzi, l’homme des glaces retrouvé momifié dans les Alpes, étaient en cuir de cerf. Le cuir était relativement fin, résistant et souple. Les chaussures, une ceinture, un pagne et des jarretières semblent également être fabriqués dans ce matériau.

 

En Mésopotamie, à la fin du IIIe millénaire avant notre ère, la ville d’Isin était connue pour son artisanat du cuir. Les sumériens furent parmi les premiers à équiper leurs soldats de protections en cuir, cette tradition a été ensuite reprise par les Babyloniens et les Assyriens.

 

En Égypte, la tombe de Toutankhamon nous a laissé une multitude d’objets en cuir, notamment dans l’aménagement des chars, par exemple sur les jantes des roues qui étaient bordées de cuir. Ce matériau a aussi été utilisé pour les sièges, les vêtements, les gans, les carquois, et aussi, bien sûr, les sandales :

http://www.photo.rmn.fr/cf/htm/CPicZ.aspx?E=2C6NU0ODYY99

 

Les Grecs et Romains avaient industrialisé les techniques de fabrication. Les peaux étaient trempées dans de grandes cuves dans lesquelles se trouvait une solution de tanin.

A Rome, c’est l’urine qui était utilisée. Elle était collectée dans les toilettes publiques pour les artisans tanneurs. Ce commerce a fait l’objet de taxes par Vespasien qui a oeuvré à généraliser ce service public.

Une tannerie a été fouillée sous les cendres de Pompéi. Les archéologues y ont trouvé de nombreuses amphores de Lipari. Cette île était connue comme productrice de tanin, dont l’avantage principal était, après traitement, de permettre la finition du produit par teinture. Le tanin de Lipari était abondamment exporté en Gaule :

http://www.sudouest.fr/2011/07/30/le-sous-sol-conti-nue-a-parler-463543-2780.php

 

( 22 janvier, 2013 )

Histoire de la lampe

La lampe est une très vieille invention qui était connue des égyptiens et des grecs, mais aussi de tous les voisins barbares.

Examinons d’abord les lampes romaines. Sur ces instruments, certains dieux égyptiens avaient leur place, notamment Sarapis, Isis, Harpocrate et Anubis. Les historiens les appellent alors des lampes isiaques.

Cette pratique existait aussi en Grèce, notamment à Corinthe où un atelier de fabrication de lampes isiaques est certifié. Des lampes à huile décorées de dieux ou déesses d’Égypte ont été retrouvées à Délos, Marathon, Athènes ou Pylos. Cette association était peut-être liée au fait que les Romains et les Grecs admettaient que les égyptiens fussent les inventeurs des lampes à huiles.

 

Pourtant, en Europe, la lampe existait depuis très longtemps. Mais elle utilisait de la graisse animale comme principal combustible. Aussi, la nouveauté égyptienne a surtout consisté à utiliser un combustible d’origine végétale. On reconnaît là une sensibilité spécifique liée à une certaine sacralisation des corps vivants, que ce soient ceux des humains ou ceux des animaux.

En effet, durant le Néolithique, de telles lampes ont été trouvées dans différentes communes de l’Europe de l’ouest, à Vouvray (Indre et Loire), à Coulanges (Allier), à Belet Blazac (Dordogne), à Spiennes en Belgique, …

 

D’autres lampes exhumées, notamment celles découvertes dans les grottes du sud-ouest de la France, sont du paléolithique : à Domme, en Dordogne, dans la grotte du Pilier, à Arcy-sur-Cure, dans l’Yonne, dans la grotte du Cheval, à St-Germain-la-Rivière, en Gironde, …

La première lampe paléolithique identifiée a été celle de Trémeau de Rochebrune, en 1865, dans la grotte de la Chaire-à-Calvin.

Mais c’est plus d’une centaine de lampes qui ont été retrouvées dans la grotte de Lascaux : les peintres s’éclairaient grâce à ces instruments à base de graisse animale !

 

 

( 15 janvier, 2013 )

Histoire de la corde

L’histoire de la corde est indissociable, d’une façon générale, avec ce que les archéologues appellent « sparterie ». Ce mot désigne toutes les techniques associant des végétaux longs et souples qui permettaient d’obtenir des paniers, des nattes, des cordes ou même des vêtements.

En Europe, la culture préhistorique qui illustre le mieux l’histoire de la corde est celle qui a été appelée « culture de la céramique cordée ». Son nom provient de sa céramique, décorée avec un système de cordelette. Elle apparaît un peu avant le Campaniforme sur qui elle eut une influence très forte.

Mais la fabrication de cordes existait avant.

 

C’est surtout en bordure des lacs alpins, en Suisse et dans le Jura, notamment au Grand Lac de Clairvaux, que les scientifiques trouvent des résidus alimentaires dans des poteries, des tissus et des sparteries bien conservés du Néolithique.

 

L’homme des glaces, Ötzi, avait un arc avec lui, mais sans corde. Cependant, son carquois contenait une corde en fibres d’écorce torsadées de deux mètres, soigneusement roulée en pelote au fond de l’étui. Elle a été interprétée par certains comme une corde d’arc.

http://www.hominides.com/html/ancetres/otzi3.php

A Altscherbitz, en Saxe du Nord, mais aussi sur d’autres sites de cette région, associé à la culture du Rubané, le vidage d’un puits néolithique a permis de retrouver un seau en écorces attaché par un morceau de la corde qui a cédé.

En Chine, les fouilles du site néolithique de Xianrendong, daté de 8000 av. J.-C., ont  livré des pots décorés de fibres spiralées de chanvre.

 

Aussi, la connaissance des techniques nécessaires à la fabrication de cordes est prouvée sur le Néolithique dans toute l’Eurasie.

 

En Égypte, les cordes ont été utilisées pour les déplacements des matériaux qui ont permis les constructions des monuments et des pyramides.

Ainsi, dans la tombe de Djéhoutyhotep se trouve une fresque montrant le transport d’une immense statue tirée par plusieurs équipes. La statue est arrimée à un traîneau à l’aide de cordes mises sous tension.

http://www.osirisnet.net/tombes/el_bersheh/djehoutyhotep/djehoutyhotep_02.htm

Dans ce pays, la trace la plus ancienne de l’utilisation de cordes se trouve sur un objet de la culture prédynastique de Nagada : la palette des chasseurs. Ces hommes sont équipés d’arcs, de lances ou de casses têtes, mais aussi de cordes avec lesquelles ils attrapaient certains gibiers vivants.

 

Mais ce savoir-faire était connu depuis bien plus longtemps. En effet, un morceau de corde a été retrouvé dans la grotte de Lascaux. Il s’agit d’un fragment long d’une trentaine de centimètres, d’un diamètre de 7 à 8 millimètres façonné avec trois brins torsadés, trouvé par l’abbé Glory le 25 septembre 1953, lors de recherches de gravures dans les différentes artères de la grotte. Il fallait bien des moyens pour descendre un puits de 5 m de profondeur  et y peindre les animaux qu’on y a découverts ! L’âge des peintures est estimé entre environ 18 000 et 17 000 ans !

 

( 7 janvier, 2013 )

Histoire de la faucille

Avant les moissonneuses batteuses et la faux, la faucille est l’instrument qui permettait de couper le blé. Les plus anciennes étaient dentelées. Elles étaient taillées dans du bois ou de l’os, et leurs dents étaient obtenues par insertion de morceaux de silex, pour former la partie tranchante. Le blé était scié selon un geste précis : une main rassemblait un ensemble d’épis tandis que l’autre sciait au-dessous.

En Palestine, il y a plus de 12000 ans, de nombreuses faucilles ont été retrouvées dans des grottes (notamment celles de Mugharet el Wad, Mugharet el Kebarah et Oumm ez Zoueitina) : elles étaient fabriquées avec une mince lame en os, terminée par un manche légèrement cintré, d’une longueur pouvant atteindre 0,38 m, ayant, sur le bord concave, une rainure permettant l’ajustement des dents de silex, retenues par du bitume.

 

Cet ancien instrument témoigne des premiers lieux où des moissons ont été effectuées. Les archéologues en ont retrouvé, en conformité avec les dates d’apparition du Néolithique, en Mésopotamie, en Anatolie, en Égypte et en Europe.

Voici les découvertes de faucilles les plus remarquables :

En Mésopotamie, les premières faucilles sont en terre cuite, notamment celles de la culture d’Obeid.

En Anatolie, sur le site de Yazilikaya, près de Hattusha, c’est toute une troupe de 12 divinités du monde de l’au-delà, qui est équipé d’harpés. C’est ainsi qu’on désigne l’instrument proche de la faucille, qui servait d’arme, mais dont la partie active était plutôt sur la courbure externe de l’outil.

Histoire de la faucille dans Un savoir-faire du Néolithique la-demographie-de-lantiquite1-150x150

12 dieux armés de harpès, site de Yazilikaya

Durant l’Égypte des pharaons, le plus grand nombre d’exemplaires a été retrouvé durant les dynasties Hyksos. Des faucilles en bois avec des lames en silex fixées avec de la résine furent placées dans les tombes pour l’au-delà, dès les premières dynasties.

Dans la tombe de Toutankhamon, un tel objet a été retrouvé, d’un format réduit, en bois doré, orné de ses cartouches royaux
indiquant sa date de naissance et ses noms de trône. La lame et les dents sont en verre de couleur.

http://www.eternalegypt.org/EternalEgyptWebsiteWeb/HomeServlet?ee_website_action_key=action.display.element&story_id=&module_id=&element_id=61782&language_id=2&ee_messages=0001.flashrequired.text

En 1911, Antoine Héron de Villefosse fit état de la découverte, dans l’île de Chypre, d’une faucille en bronze ayant la forme d’une corne de bouquetin de 91 cm. D’autres trouvailles de ce type ont été signalées au Proche-Orient. Ces objets semblent avoir eu un usage uniquement cultuel.

A Ougarit, en 1931, une équipe de fouille française en a trouvé de nombreuses en silex, en décalage avec l’époque, car les faucilles en bronze existaient bien avant la création de la ville.

En Hongrie, à Szegvar, une statue de dieu avec cet outil, vieille de 6000 ans, a fait l’objet d’une émission de timbres.

https://www.wnsstamps.post/fr/stamps/UN310.04

En Gaule, c’est avec un tel instrument que les druides, vêtus d’une robe blanche, allaient couper le gui dans les arbres. De nombreuses faucilles en bronze ont été trouvées partout en France. Elles témoignent d’activité de moissonnage durant l’âge du bronze. Auparavant,
certaines étaient entièrement en pierre polie. Une telle trouvaille a été faite en 1937, à Myon, dans le Doubs.

Datées de la fin de l’âge du bronze, 500 quasiment neuves ont été trouvées à Briod, dans le Jura. Ce dépôt, ainsi que d’autres en Europe, plus hétéroclites, témoignent d’un commerce important sur les objets en bronze, avec une activité de recyclage des outils métalliques usés.

( 2 janvier, 2013 )

Histoire des moulins à eau et de leurs meules

Des moulins anciens ne subsistent le plus souvent que leurs meules, réemployées pour divers usages. Aussi l’étude des moulins antiques passe par l’analyse des meules retrouvées, mais aussi par l’étude des carrières de production, appelées meulières.

Tout récemment, Samuel Longuepierre, dans « Meules, moulins et meulières en Gaule méridionale », a réalisé un inventaire des types de moulins du sud de France, ainsi que des principaux lieux de productions de meules. Il montre que l’usage des moulins à eau débute sous l’impulsion des Romains, à partir du premier siècle de notre ère. Quant au moulin à vent, il est apparu bien plus tard, même s’il est fait état, en Perse, de roues rudimentaires fonctionnant à l’énergie éolienne, dès le 7e  siècle avant notre ère.

La plus ancienne mention d’un moulin hydraulique est de Vitruve, vers la fin du 1er siècle avant J.C. Ce type de moulin a permis la mutualisation de la production de farine, avec les débuts du métier de meunier.

 

En Suisse, les plus anciens moulins à eau ont été trouvés à Avenches. Une analyse dendrochronologique a daté une de ces constructions de la fin du premier siècle de notre ère. Il semble donc que depuis son invention, son utilisation réelle s’est diffusée d’abord là où la force du courant était la plus importante.

http://www.canal-u.tv/video/musee_archeologique_du_jura/les_moulins_hydrauliques_d_en_chaplix_et_des_tourbieres_a_avenches_suisse.8837

Auparavant, les romains utilisaient des moulins actionnés par des ânes, appelés « moulins de type Pompéï ». Car, c’est dans cette ville, figée par l’éruption du Vésuve, qu’on a découvert que chaque boulanger – il y en avait une quarantaine – mettait en œuvre son propre moulin, le plus souvent en utilisant la force des ânes. Leur usage a sans doute été diffusé par les Carthaginois, qui avaient mis au point un modèle proche, mais actionné par deux hommes. Des exemplaires ont été retrouvés à Carthage, en Sardaigne et en Sicile, à Morgantina.

 

Quant aux Grecs, ils avaient développé le moulin dit « à trémie d’Olynthe », qui procédait par broyage grâce à un mouvement de va et vient. 22 moulins ont été découverts dans l’épave d’un navire au large de Kyrénia, datés de la fin du 4e siècle av. J.-C. L’usage de moulins était donc courant dans le monde grec, au moins depuis le 5e siècle av. J.-C. Les meules plates, le plus souvent ovales, sont souvent les seuls indices de l’utilisation de tels moyens.

http://www.futura-sciences.com/fr/doc/t/geologie/d/meules-meulieres_1412/c3/221/p3/

 

En Egypte ancienne, si la consommation de pain est certaine dès l’Ancien Empire, la transformation du blé en farine reste un mystère. Il n’y a que dans la tombe de Rekhmiré que sont représentées des scènes de fabrication du pain : l’étape de transformation de la céréale en farine semble se réaliser par écrasement à l’aide d’un pilon. L’état des dents des momies laisse à penser qu’un abrasif était ajouté au blé pour faciliter sa mouture.

http://www.museum.agropolis.fr/pages/expos/egypte/fr/pains/index.htm

En Mésopotamie, l’ancienneté des moulins est également un sujet d’interrogation.
La transformation du blé en farine était l’affaire de chaque femme qui disposait d’un moyen manuel propre, sans doute un pilon, ou une meule à main.
Il semble que des villes situées plus au Nord étaient dotées de moyens communautaires dès le deuxième millénaire.

http://www.lefigaro.fr/sciences/2007/08/31/01008-20070831ARTFIG90071-les_villes_du_nord_de_la_mesopotamie_rivalisent_avec_le_sud.php

Jacques Freu et Michel Mazoyer, dans « Les débuts du nouvel empire hittite: Les Hittites et leur histoire » signalent que des captifs rendus aveugle étaient employés dans des moulins, en tant que bête de somme. Des courriers, maintenant traduits, relatent de fuites d’esclaves aveuglés de moulins de la résidence royale, mais aussi d’assignations d’aveuglés à des moulins de ville.

 

En Gaule méridionale, 3 types de meules sont attestés vers le 4e siècle avant J.-C. : des meules à va-et-vient, des meules à trémie d’Olynthe, diffusées par les Grecs, et des meules rotatives manuelles. Dans cette région, trois meulières sont connues pour avoir été actives durant l’âge de fer.

https://www.academia.edu/3584729/LONGEPIERRE_S._._Aux_environs_de_Saint-Quentin-la-Poterie_Gard_durant_l_Antiquit%C3%A9_tardive_une_micror%C3%A9gion_tr%C3%A8s_impliqu%C3%A9e_dans_l_activit%C3%A9_meuli%C3%A8re

Ailleurs en France, avant notre ère, il n’existait que des meules à usage domestique. Le moulin rotatif manuel se diffuse à partir du 6e millénaire pour certains, à partir du 2e millénaire pour d’autres, vers le 4e siècle avant J.-C. pour les derniers. Bref, on ne sait pas depuis quand. Ses meules font partie des découvertes les plus fréquentes des archéologues.

Le moulin rotatif manuel est caractérisé par l’empilement de deux formes coniques. La partie supérieure est mobile, et évidée en son centre pour permettre le déversement du grain et son écoulement entre les deux meules. L’ajout d’un bras en bois sur la périphérie supérieure externe permet la rotation manuelle.

De telles meules ont été retrouvées en abondances en Mayenne, 200 à Moulay, mais aussi à Ste Suzanne, datées du 6e siècle av. J.-C.

http://www.pays-de-la-loire.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/PanneauxExpoFouillespart3_cle25ff49.pdf

Les chercheurs se sont intéressés aux carrières antiques de production de ces meules. Voici quelques meulières antiques de l’espace celtique, en France :

  • Claix-Chaumes du Vignac, en Charente ;
  • « Les rochers des Balmes », la « Roche Parée » près de « La Molière » et le « Mont Vuan », à Saint-André de Boëge ;
  • Les roches de Vouan, en Haute Savoie, vers Fillinges ;
  • La Marèze, vers Saint Martin-Laguépie et Le Riols, dans le Tarn ;
  • Les carrières de La Salle, « Les Fossottes », dans les Vosges, à base de rhyolite d’origine volcanique. La carrière semble avoir fonctionné du 5e siècle avant J.C. jusqu’à la conquête romaine. Elle produisait des meules de moulins à main, mais aussi de meules de type va et vient ;
  • Un gisement de rhyolite à Turquestein, qui aurait été exploité vers l’âge du bronze.

La meule va-et-vient est la plus ancienne. Elle est aussi la plus simple. Elle consiste en un mouvement d’oscillation d’une meule mobile de forme bombée sur une autre plus plane.

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